Page:Yver - Un coin du voile.djvu/228

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vèrent sur elle, ternis, lassés, pitoyables, et deux atroces larmes, sans paroles, sans plaintes, sortirent de ces yeux tristes, où toute gaieté semblait morte.

Elle courut à lui, l’enlaça, couvrit de baisers ses beaux cheveux blancs, son grand front de penseur, ses yeux naguère encore si vivants. Mais il semblait avoir perdu dans l’ennui, la désespérance de ces huit jours de réclusion, le souvenir même des seuls mots qu’il sût encore balbutier. Il ne disait rien. Un froid intérieur l’avait envahi ; aucune caresse ne pouvait plus le réchauffer.

Alors, à cette plongée dans son passé, Hélène comprit que la fin de tout avait été, pour son père, le renoncement à la vie exquise qu’elle lui faisait : les petits repas fins, la lecture du journal, et ces promenades à deux, ces promenades incessantes que réclamait la vitalité de ce vieux corps demeuré sain, en dépit du désarroi de la pensée. L’ennui serait désormais son supplice, avec l’abandon et la solitude. Elle n’avait pas attendu qu’il fût mort pour lui préparer un tombeau. Prisonnier dans