Page:Yver - Un coin du voile.djvu/234

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— J’ai connu un cas d’assurance…

Sa voix basse, timbrée d’un son de métal, appela vers lui les regards. Sa profession souveraine lui donnait toujours et partout de l’autorité. On attendait une histoire.

— J’ai connu un cas qui fut un drame, reprit-il.

— Contez-nous cela, cher maître ! Et, déjà, on l’écoutait. Il commença :

— J’avais autrefois pour clientes et pour amies, dans le quartier de l’Étoile, deux charmantes femmes, la mère et la fille, à qui je m’étais intéressé et attaché pour la noblesse de leur intérieur. Je revois la mère, une belle malade qui soulevait, pour me donner la main quand j’arrivais, un bras chargé de flots de dentelles et des doigts alourdis de pierreries : mais je revois surtout la fille. On la nommait Marie-Thérèse. Elle était indiciblement fine et de « race ». Mince brune de dix-neuf ans, élégante et sereine, elle me semblait porter comme un manteau majestueux son joli nom d’impératrice. Quand elle fut demandée en mariage, la mère me consulta. Il s’agissait