Page:Yver - Un coin du voile.djvu/236

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mélancolique malgré la gaieté de tous. J’avais sans cesse les yeux fixés sur le fiancé et je ne pouvais trouver pour lui, en moi, trace de sympathie. Il était beau garçon, jeune, visiblement amoureux, élégant et d’allure assez fière ; mais « ce charbonnier ne me plaisait pas », à moi, et je déplorais, sans savoir au juste pourquoi, qu’on eût jeté dans ces bras inconnus, toute vibrante, dévouée et naïve, mon exquise petite amie.

» En fait, l’instinct le plus délicat c’était moi qui pouvais me vanter de l’avoir eu, dans cette histoire. Le beau garçon, d’apparences si fines, était un menteur et un drôle, qui devait faire endurer à Marie-Thérèse les pires chagrins. Grand mangeur d’argent, ignorant des tendresses qui, près d’une véritable épouse, peuvent tout racheter, il ruina lentement, jour après jour, la dot et le cœur de sa femme. Quand les deux petites filles jumelles vinrent au monde et que je pénétrai de plus près, comme médecin, dans cet intérieur, je connus en toute lucidité le double désastre. Je me rentrai là, près du lit de la jeune femme avec