Page:Yver - Un coin du voile.djvu/237

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la mère. Nous nous regardâmes tristement, ayant compris que l’un et l’autre nous savions tout.

» À partir de ce jour, je reçus en secret les confidences de la pauvre maman. Sans doléances inutiles, elle me contait les griefs qu’elle avait contre son gendre, les vilenies de ce viveur, le martyre caché de Marie-Thérèse. Je sus comment la gêne s’infiltrait peu à peu dans ce ménage et comment, pendant que l’admirable petite, privée de domestiques, s’enfermait dans la solitude avec la tâche d’élever ses enfants, lui, jouisseur et insatiable, continuait de s’amuser coûteusement.

» De telles colères me venaient contre lui que je me fis une règle de ne franchir jamais leur porte. À la longue, l’aisance de la mère fut aussi attaquée. Elle donnait à pleines mains, comme les mères donnent. Je la vis restreindre son existence, prendre un appartement étroit où elle vécut avec une servante unique, d’abord, puis seule. Du fruit de ses privations, Marie-Thérèse obstinément courageuse menait sa triste maison et payait les dettes du mari.