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Page:Yver - Un coin du voile.djvu/238

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» Quand la mère fut morte de souci et d’inquiétude, — car il y a sous le manteau de ces deux importuns-là un microbe qui tue quelquefois, — et que le pauvre héritage se fut évanoui dans le gouffre en moins d’un an, la misère noire vint à grands pas s’asseoir à ce foyer de jeunes. Elle les emmena loger à un quatrième étage d’une maison sombre, rue de Sèvres ; elle y installa son ombre sournoise. C’était une fière marâtre qui les mena ferme, leur imposant son régime maigre, leur défendant le feu dans l’âtre, leur mettant au corps sa livrée et prohibant la joie aux toutes petites filles.

» Plusieurs fois, Marie-Thérèse, aiguillonnée par la détresse, dut venir à moi, navrante à voir, traînant après elle ses deux fillettes, qui demeuraient délicates et chétives. Tantôt c’était pour les annuités de l’assurance à payer, tantôt pour le terme, tantôt pour un fournisseur.

» Elle me faisait pitié et je crois qu’alors je souffrais plus qu’elle. Je lui dis un jour :

« — Mais votre mari ne voit donc pas qu’il