Page:Yver - Un coin du voile.djvu/240

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Mais, sur le fait d’aller voir le malade, je n’hésitai pas une seconde et je partis.

» C’était à la nuit tombante, un soir de janvier. Là-bas, le Bon-Marché s’illuminait comme un palais, sous ses dômes bleuâtres, dans la brume. La maison était indiciblement misérable. Je n’oublierai jamais l’émotion qui me poignit au cœur quand je gravis ces quatre étages d’indigents. Chose étrange, par une illusion de mon imagination, je m’attendais à retrouver là-haut la fraîche et printanière Marie-Thérèse, son impériale tranquillité d’Altesse enfant, la jeune fille que j’avais connue dans le bien-être et la gaieté six ans auparavant. Quand je frappai et que la porte s’ouvrit devant cette pâle brune anémiée, aux yeux mélancoliques et flétris, couleur des myosotis que la pluie a lavés, j’eus une sorte d’éveil cruel.

» — Eh bien ! lui demandai-je, il est malade ?

» Elle me répondit, impénétrable :

» — Il est rentré hier matin avec des frissons terribles. Il est couché depuis, secoué par une toux qui ne cesse pas.