Page:Yver - Un coin du voile.djvu/242

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deux poumons étouffés, prêts à se taire pour toujours.

« J’avais là un cas des plus graves de pleuropneumonie, compliqué de troubles cardiaques. Lorsque j’eus fini l’examen, je vis la jeune femme lever sur moi ses yeux ternis et impassibles et m’interroger ainsi muettement. Je compris la question de ces yeux-là, ils me disaient : « Mourra-t-il ? »

» Mourra-t-il ? Elle avait eu, sous son masque illisible, comme une anxiété. Est-ce qu’en face de la mort un reste de passion allait s’attiser en elle pour cet être qu’elle avait si délicieusement aimé, jeune fille ?… Est-ce qu’au moment de voir disparaître ce souvenir vivant de ses premières et courtes ivresses, elle se reprenait à vibrer encore ?

» Et pendant que ces idées me traversaient l’esprit, son regard froid et indéchiffrable allait de mes yeux au lit où un nouvel accès de toux secouait le malade.

» Mourra-t-il ? continuait-elle à me dire silencieusement.

» Alors une illumination mauvaise se fit en