Page:Yver - Un coin du voile.djvu/243

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

moi. L’amour dans cette créature outragée, ravagée, éteinte sous les larmes, l’amour dans ces yeux doux et glacés, l’amour dans la hautaine Marie-Thérèse, l’amour pour cet être odieux ? est-ce que j’étais fou ? Non, elle me demandait tout simplement si ce serait bientôt l’heure de la délivrance, si cette mort en pleine jeunesse allait enfin la venger, et ce fut à ce moment que le souvenir me revint de cette assurance, dont j’avais conclu moi-même les conditions : la prime de quatre-vingt mille francs à toucher en cas de décès du mari.

« Mourra-t-il ? »

» Et voilà que, devant ce corps aux halètements douloureux, je me posais la question à moi-même. Mon diagnostic manquait de sang-froid ; j’essayai d’écouter impassiblement les bruits de cette poitrine emplie déjà de ce parler confus qu’est le murmure des raies. Quatre-vingt mille francs ! Et je voyais la misère noire chassée, le foyer relevé, les petites filles assouvies et Marie-Thérèse revivant, calme et délivrée.

» Ainsi, dès que cette vie humaine eut été pour