Page:Yver - Un coin du voile.djvu/250

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tume, dès que je viens à mes malades, d’une prise de possession qui me les rend comme une sorte de bien personnel, ou plutôt de dépôt dont je réponds. Je répondais de ce viveur, de qui je jugeais durement la conduite. Je voulais qu’on m’obéît et qu’on le soignât. Puis il me venait une inquiétude immense à penser que cette femme de vingt-cinq ans, belle, délicate et attachante, pouvait descendre à ce que vous devinez.

» Ce fut une obsession. Je passai la soirée chez moi. À dix heures, je n’y tins plus et je sortis pour me rendre rue de Sèvres. Je pressentais quelque chose de terrible. Et s’il était mort, saurais-je jamais de quelle manière ? Et comment trancher le doute qui dans mon esprit subsisterait éternellement ?

» Je vous jure que ce fut atroce, mes sentiments de cette soirée-là. Fallait-il condamner ou admirer cette créature énigmatique ? Tout le problème, tout l’intérêt était en elle, dans sa conscience que je ne connaissais pas. Il y avait quelque chose de mal à l’accuser, douce et noble comme elle m’avait paru jusqu’ici ;