Page:Yver - Un coin du voile.djvu/26

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Il l’épousa un de ces jours d’hiver parisien, triste, brumeux et noir. Mais l’allégresse qui ruisselait en lui était comme un soleil, et dorait les choses. Il ressemblait à un malade imprégné des douces et neuves ivresses de la convalescence. Il s’éveillait à la vie. Quand les quelques amis, professeurs de lycées et artistes, qui les avaient escortés à l’église les quittèrent, Louis conduisit Marguerite, à son grand appartement de garçon, sobre et bien ordonné. Lui tremblait légèrement ; elle était la plus sereine. Un amour silencieux, un amour immense et tranquille la possédait. Il la regarda longtemps, installée en dominatrice dans son cabinet de travail, petite et fluette dans sa robe blanche, ses cheveux noirs retombés en lourde touffe sur son front, ses yeux pleins d’un mystère infiniment tendre.

D’abord il la trouva belle. Pour la première fois, au soir même de leur mariage, sa grâce physique le frappait. Il la découvrait. Et la