Page:Yver - Un coin du voile.djvu/260

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que j’espérais remplir enfin mon mandat matrimonial.

Elles arrivèrent un matin, inondant tout à coup ma petite villa de leur charmante jeunesse, de leurs charmantes robes, de leurs charmantes voix d’étrangères qui chantaient en parlant leur jolie langue douce. Elles avaient vingt ans, dix-neuf ans, dix-huit ans et seize, et des noms inconnus qu’il me fallut apprendre à mettre sur ces visages nouveaux : Édith, Lilian, Mabel et Maud.

Le soir j’écrivais à Jean :

« Mon petit ami, nous allons avoir un mascaret comme de mémoire d’homme on n’en a vu. Je vous attends. J’ai chez moi misses Islington, j’espère qu’elles ne vous feront pas peur. Apportez votre mandoline. »

Et à sa mère :

« J’ai trois brus, quatre presque si la quatrième n’était encore un baby ; à Londres, une vieille fille, leur tante, leur a promis un million pour chaque noce ; elles parlent mal français, de sorte que je les comprends peu, mais ce sont des bijoux de femmes ; figurez-vous,