Page:Yver - Un coin du voile.djvu/261

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pour parler le langage de notre jeunesse, « les Grâces » qui canoteraient et joueraient au tennis ; les Grâces avec des manières d’amazones. Adieu, et marions Jean ! »

Mabel elle-même était trop jeunette pour que je pusse fonder sur elle des espérances ; mais Édith et Lilian, avec leur corps souple de femmes de sport, la grosse corde d’or tordue de leurs cheveux, leur peau satinée de fleur et la langueur étonnée de leurs yeux me semblaient deux idéals entre qui Jean n’aurait que le trouble très doux de rester perplexe. Je les voyais passer — car elles ne se posaient jamais — dans les allées du parc, dans l’escalier, sur la terrasse, en peine de leur vigueur inoccupée ; le vent de la Seine secouait la flanelle de leurs blouses, et se chargeait d’en ajuster les blancheurs flottantes, et je me figurais des rêves.

Mais l’une ou l’autre se retournait et me lançait l’international langage d’un sourire ami, ou bien j’entendais le murmure de leur incompréhensible bavardage, ou bien elles dévoraient à belles bouches roses les pâtisseries que