Page:Yver - Un coin du voile.djvu/264

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Édith la blonde, ou la plus sombre beauté de Lilian ? Je palpitais en suivant son regard ; mais lui, le malin, comme s’il eût deviné, promena ses yeux impassibles sur le groupe, puis ne s’occupa plus que de mes soixante ans, auxquels il offrit aimablement son bras. Les jeunes filles se mirent à marcher en avant, avec leur joli laisser-aller britannique et leurs phrases gaies, haut lancées dans l’air serein. J’ouvris le feu.

— De belles filles, hein, Jean ? Grand dommage qu’elles soient Anglaises, vous auriez pu faire dès demain votre demande écrite au docteur Islington. Un million de dot ! Enfin, il ne faut pas y penser. Avez-vous apporté votre mandoline ?

Et lui, dans son flegme indevinable :

— Je l’ai apportée, tantinette, mais seulement pour ne pas montrer de mauvaise grâce. Je ne viens qu’en courant, comme la Barre qui m’amène ici ; les affaires me rappelleront à Paris aussitôt le flot retiré.

Or le mascaret avait lieu le lendemain. J’étais horriblement déçue : que serait-ce