Page:Yver - Un coin du voile.djvu/267

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nettes, nous nous rangeâmes autour de lui, toutes, sauf la petite, qui dès le dîner s’était éclipsée, et il commença.

Les notes fluettes, à peine entendues, dansaient, sautaient sur les cordes, très en accord avec ce jour faible, avec la lueur des étoiles neuves allumées, dont le reflet menu dansait, lui aussi, sur les eaux de la Seine. Il jouait des valses, des romances ; il jouait très bien, et son regard passant par-dessus nos têtes, se fixait sur quelque chose que nous ne pouvions pas voir.

C’était ces yeux-là que j’aurais voulus dirigés sur Édith ou sur Lilian.

Il y avait dans tout cela la lune qui se levait, la Seine qui se moirait, le ciel qui se brodait, l’odeur des fleurs et le vent léger, une douceur surannée à laquelle on n’échappait pas, et je me disais : « Si Jean n’est pas amoureux ce soir, il ne le sera jamais. » On serait toujours resté là, et je voyais bien que mes Anglaises, peu rêveuses cependant, se laissaient prendre au charme.

— Si nous allions nous coucher, mes enfants ? dis-je enfin.