Page:Yver - Un coin du voile.djvu/271

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gereuses vers la berge, et moi de maudire l’inopportun mascaret, quand on s’aperçut que toute l’émotion venait d’une frange d’écume soulevée au loin par le vent à la crête d’une lame. Je me penchai, maternelle :

— Mon cher Jean, dites-moi, est-ce Édith ou Lilian ?

Et Jean, presque ému, mais sans perdre son langage lâché de Parisien :

— Je ne sais pas leurs noms, tantinette, mais c’est de la mioche que je suis toqué.

La mioche ! Maud ! Il passait de la tendresse dans l’air. Je sentis des larmes en pensant à ce cœur sceptique enfin touché, en songeant à cet étrange petit brin de femme si tôt aimée, et je ne pus m’empêcher de me retourner vers le véhicule.

Édith, Lilian et Mabel, toutes trois debout, le cou tendu vers l’horizon vague du fleuve, très majestueuses dans leur calme de statues, donnaient l’idée de Grecques septentrionales, produits d’un croisement d’Athéniens et de Scandinaves. Moins classique, la petite Maud s’était agenouillée, et les deux coudes au bord de la