Page:Yver - Un coin du voile.djvu/272

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carriole, le col enfoui dans un mousseux boa blanc, son canotier auréolant son très rose visage tout mangé par des yeux sans fond, elle enveloppait d’un regard étrangement attentif le Français à qui je vis bien, dès lors, qu’elle s’était déjà dévouée toute en pensée.

Un grand bruit survint, qui couvrit le bruit presque aussi formidable de la foule en attente ; le mascaret passa, roula, déborda, éclaboussa les curieux, puis essoufflé, alenti par sa course échevelée, continua vers Jumièges, moins haut et moins rapide. Mais je n’avais rien vu, les yeux pleins de ce regard d’enfant qui laissait passer avec candeur son étincellement.

La jeunesse s’en fut se promener seule, tandis que, avisant le télégraphe comme un sauveur, j’allais porter ce libellé pour Paris :

« Trouvé bru, seize ans. Consentez-vous ? »

Et l’électricité, dont l’antiquité, si elle l’eût connue, eut fait une adorable déesse messagère, me rapporta, trois heures plus tard, mon laisser-passer de bonheur pour mes petits amis :

« Bru n’importe quel âge. Marions Jean ! » Ils se firent d’abord la cour d’une étrange