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Page:Yver - Un coin du voile.djvu/273

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façon, jouant à l’amour comme on se jetterait une balle par-dessus un mur. On ne pouvait jamais dire de Maud : « Elle est ici. — Elle est là. » Elle fuyait. C’était une manière d’âme errante que Jean ne parvenait pas à retenir. Si bien que la journée se passait en une perpétuelle chasse après cette enfant ailée. Catholique fervente, la fillette allait le matin à l’église et Jean se mettait en route derrière le petit jupon rouge et le boa flottant au vent du quai ; mais, s’il faisait le guet au portail pour l’attendre, Maud lui échappait par une sortie latérale. À la maison, quand ils avaient bien joué à cache-cache dans le jardin, Maud avait enfin pour refuge sa désordonnée chambrette où sa grammaire française lui tenait compagnie. Alors, Jean prenait sa mandoline ; il s’installait dans le salon, et la légère musique, comme une sérénade de rêve, montait jusqu’au second étage pour la fugitive petite aimée.

Au bout de trois jours — c’était à midi et nous étions à table, — Jean qui s’était attardé en promenade, revint avec un petit bouquet de fleurettes blanches qu’il jeta sur la serviette de