Page:Yver - Un coin du voile.djvu/275

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— Regardez-la, me dit Jean ; à quoi peut-elle penser ?

— Vous êtes un fat, mon cher ami, répondis-je, vous ne le savez que trop et vous voulez vous l’entendre dire ; comme si toute son âme ce n’était pas ses claires prunelles, et ses pensées des choses limpidement écrites pour vous.

— Ah ! tantinette, révérence parler, les femmes sont si…

— Si quoi, monsieur, je vous prie ?

— … Illisibles, mettons.

— Maud n’est pas une femme, Jean, repris-je ; c’est une enfant qui, dès qu’elle vous a vu, s’est mise à vous aimer candidement, simplement, effarouchée seulement à la manière d’une sensitive quand vous passez près d’elle ; et je vous connais, mon ami, c’est cette limpidité de printemps, c’est cette candeur, c’est ce vrai qui luit dans ses yeux qui a séduit votre cœur blasé. Pourquoi donc douter d’elle ?

— Ce n’est point que je doute, tantinette, mais je voudrais un langage moins éthéré que celui dont nous faisons usage, la petite et moi.