Page:Yver - Un coin du voile.djvu/276

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Je suis las de ces airs de mandoline dont j’accompagne ses rêves, comme je courtiserais un ange ; je souhaiterais enfin qu’entre nous cela se passât moins subtilement. Et si vous vouliez vous charger de lui dire…

— C’est cela, apprivoiser la petite alouette qui, pour vous, monte trop haut dans le bleu, n’est-ce pas ? Si cela vous agrée, Jean, je le ferai, puisque vous l’aimez. Je vous promets de lui révéler votre secret : j’ai du reste l’assentiment du docteur Islington qui remet ses filles entre mes mains, et me permet de les marier toutes à ma façon.

De tout ce jour-là, je ne pus trouver la minute opportune pour ma confidence ; mais le lendemain, je gravissais de grand matin l’étage qui me séparait de la fillette, et j’allais frapper, quand j’entendis un murmure qui m’arrêta. C’était un gazouillis en anglais, une cascade de mots à peine prononcés, comme le vague écho d’une chanson. J’attendis un moment pour bien m’assurer que la voix menue parlait sans réponse, et que nulle autre que Maud n’était là, puis je frappai.