Page:Yver - Un coin du voile.djvu/277

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— Ouvrez ! cria-t-elle d’un timbre étouffé par ses laineuses couvertures.

— Chérie, lui dis-je en entrant, avec qui donc causiez-vous ? Voulez-vous me le dire, à moi qui suis votre vieille amie ?

Elle rougit beaucoup et se blottit dans l’oreiller ; ses cheveux étaient détressés, et cette soie d’or, croissant comme une herbe sauvage, arrosée seulement chaque matin des parfums qu’elle adorait, avait inondé son cou et le lit. Pêle-mêle, tout autour d’elle, traînaient ses robes de la veille ; sa casquette avait roulé sur ses étroits petits souliers d’enfant ; sur la table, on voyait un amoncellement d’auteurs français, et partout une insouciance planante, qui la laissait bien elle-même, libre de vivre intérieurement sans le soin du dehors, avec ses longues envolées d’alouette dont je parlais à Jean.

— Petite Maud, répondez donc.

Et me penchant pour chercher son front dans le fouillis blond de ses cheveux, je découvris le mystère ; elle serrait dans ses mains une petite chose sans forme, écrasée sous ses doigts, dans