Page:Yver - Un coin du voile.djvu/283

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métamorphosé en une seconde, je compris tout ce qui ne m’était pas encore venu à l’esprit, que Maud en était maintenant réduite à ses grâces de printemps, à ses charmes prime-sautiers d’oiseau sauvage, que le collier d’or de sa dot avait glissé de ses épaules, et qu’elle se retrouvait, pauvre petite sans-le-sou, devant le fiancé qui l’avait crue riche.

Elle s’avança, plus caressante encore, et dans une insouciance qui me fît mal :

Dear, venez-vous ?

Il la suivit avec une contrainte qui ne put m’échapper. Je les vis encore une fois s’éloigner l’un près de l’autre, et je devinai, malgré mes révoltes, le recul de l’un, la confiance naïve et sans trouble de l’autre. Rien ne paraissait changé en eux, mais j’avais beau me dire : « Il aime vraiment », je doutais de Jean.

Un million !…

Fût-ce de l’instinct ? Je me penchai aux balustres de la terrasse pour les voir plus longtemps sur les bords de la Seine qu’ils suivaient. Je les regardais de tous mes yeux, comme