Page:Yver - Un coin du voile.djvu/285

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mais non de ses lèvres, mais non de ses yeux qui ne souriaient plus et qui prenaient des reflets de tristesse. À la fin de ce jour-là, même, tout près du départ, j’y lus un si vrai chagrin, que, toute réjouie, repoussant au loin mes jugements téméraires, rassurée, je pensais en le voyant :

« Comme il l’aime, lui, le léger, le glisseur, pour qu’une absence de quatre jours le fasse langoureux à ce point ! mais comme il l’aime ! »

Ce soir-là, une vraie veille comme l’on n’en compte que peu dans la vie, veille solennelle, mystérieuse, tragique, où frissonnait la peur du lendemain au milieu de l’ordinaire banalité de l’accoutumance, ce soir-là, comme toujours quand il faisait trop froid dehors, nous nous réunîmes dans le salon. La mandoline de Jean fit les frais, mais la flamme gaie des autres jours s’était éteinte. Les mêmes airs de son répertoire, soit qu’il les jouât autrement, soit qu’il y eût en nous un pressentiment de tristesse, nous semblaient teintés de mélancolie, et rien ne me parut plus leur ressembler que le visage pâli de Maud tout changé par ce pre-