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Page:Yver - Un coin du voile.djvu/290

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candeur ; Maud ! la pauvre petite Maud dont je devais jeter à bas le bonheur en lui révélant que c’était fini !… Ah ! c’était bien ainsi, Jean n’était pas digne d’elle.

Je gardai mon secret jusqu’aux extrêmes limites, et quand le docteur Islington m’écrivit que, le congrès étant clos, il reprendrait ses filles le lendemain, je fis venir Maud et lui dis :

— Êtes-vous bien forte pour porter un grand chagrin, Maud ?

Alors, pour la première fois, elle leva sur moi ses prunelles claires et brûlées de fièvre.

— La mère de Jean ne veut pas, ma pauvre chérie, et votre rêve de bonheur, il faut l’oublier. Vous êtes trop jeune.

Elle secoua tristement sa tête d’enfant devenue soudain jeune fille, et enfin, ce que j’attendais se produisit : les larmes et le confiant abandon de la pauvre petite qui se jeta dans mes bras.

— Je ne suis pas trop jeune, milady, disait-elle dans ses sanglots, c’est parce que je n’ai plus d’argent. Je l’ai bien deviné dès le pre-