Aller au contenu

Page:Yver - Un coin du voile.djvu/291

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mier jour ; je savais bien qu’il ne reviendrait pas. Oh ! mon pauvre Jean !

Comment la consoler ! Elle me répétait qu’elle lui pardonnait, mais qu’aucun autre n’aurait sa place ; et vraiment, elle avait donné là son cœur de telle façon que cela pouvait bien être pour toujours. Jusqu’au lendemain, je reçus seule en secret toutes ses tendresses débordantes d’enfant sans mère.

Le lendemain, suivant ce quai joyeux où le soleil d’automne, un peu plus pâle chaque jour, mettait une lumière embuée, je les reconduisis au chemin de fer joujou qui traîne ses wagons tout le long de la Seine. C’était le matin ; un enterrement sonnait en glas, dans le clocher gothique aux trois couronnes ducales. Les grandes sœurs allaient devant, silencieuses, attristées, avec leur imperceptible et gracieux déhanchement d’Anglaises — ayant eu la veille ce seul mot désolé, devant le désespoir de Maud :

— Oh ! pauvre Baby ! Un si joli aventure de cœur !

À mes côtés, le pas ferme, mystérieusement