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Page:Yver - Un coin du voile.djvu/33

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en même temps l’amant et l’ami. Et quel réveil après ce rêve trop beau ! La folie, la stupidité des grandeurs ! Comme si la nature humaine, vicieuse, eût repris sa revanche sur cet être modeste, dédaigneux des honneurs, sa mentalité déréglée se ruait, dans la démence, à toutes les petitesses de la vanité. Encore une fois Marguerite se retrouvait seule, sans personne à qui confier sa détresse.

De longs moments se passèrent. Elle se raidissait, toute crispée et révoltée contre la vérité. « Ce n’est pas possible, ce n’est pas possible ! » Elle avait moins souffert devant le lit du petit Jacques mort, que devant le cadavre moral de son mari. Elle voulut mourir, et se penchant à la fenêtre, mesura le vide. Ah ! ne plus exister, ne plus penser, ne plus souffrir !

Soudain, un bruit léger retentit contre la porte ; quelqu’un y grattait timidement, demandant d’entrer. C’était son mari, c’était ce qu’elle avait tant aimé…

Un flot de pitié l’envahit. Elle reprit conscience d’être l’épouse, d’être la chose de cette pauvre chose dévastée à qui jadis, dans le bon-