Page:Yver - Un coin du voile.djvu/39

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entendaient des cris étranges et, surpris, levaient la tête. Le médecin revint à la charge, près de Marguerite, et proposa une consultation. Ils furent cette fois trois pour la circonvenir, lui représentant avec douceur de quelle efficacité serait pour l’aliéné, les soins de l’asile. Frêle et épuisée de travail, délicate, anémiée, elle eut des violences de lionne pour défendre son malade, contre leur aménité traîtresse.

— Ah ! qu’on y vienne, qu’on essaye de me le prendre, on verra ! Je le veux, je le veux pour moi toute seule, jusqu’à la fin, et je ne le livrerai pas parce qu’il est faible, malade et égaré. Je sais des traitements occultes que ses féroces gardiens ignoreraient, et je le guérirai, vous entendez, il guérira entre mes mains ou il mourra dans mes bras, comme je me le suis promis.

Très émus, les médecins se turent et résolurent secrètement de temporiser.

La période de la démence agitée fut courte. Sa surexcitation usée, le malade sombra de jour en jour dans une matérialité pesante et tranquille. À force de l’étudier, penchée sur