Page:Yver - Un coin du voile.djvu/49

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

amphithéâtre. Elle reconnut définitivement sa route en traversant le rond-point où Casimir-Périer, drapé dans sa cape, sert aux promeneurs de point de repère. Maintenant, à droite, des architectures grises apparaissaient entre les arbres. C’étaient les mausolées des maréchaux de l’empire ; elle prit à gauche délibérément.

Le printemps semblait n’arriver pas jusqu’ici. Sous l’ombre, les cyprès étaient devenus énormes, leurs troncs rugueux et droits, vêtus de leur ramure délicate et sombre, montaient d’un jet sous la voûte des vieux ormes. Et voici qu’apparaissaient ces grandes tombes noires en forme de pyramides, goût bizarre du romantisme de 1830, ruines d’un snobisme funéraire, qui avait dû, pour un temps, faire fureur. Puis c’était les ædicules à demi-écroulés, les tombes corinthiennes voilées d’un lierre épais, les garnitures de fer, rouillées et abattues, les épitaphes rongées de mousse. À chaque pas, Marguerite tressaillait. Ils s’étaient arrêtés ici, là. Ils s’étaient assis sur ce tumulus lézardé, garni de mousse, un vrai