Page:Yver - Un coin du voile.djvu/64

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le papa et la maman se dérangèrent. Quand ils virent leur fille revêtue de la robe majestueuse, l’hermine à l’épitoge et la toque seyante sur ses torsades blondes, ils versèrent les larmes congrues et songèrent :

« Voilà enfin notre dernière enfant casée. »

C’était se réjouir trop vite. Une fois inscrite au barreau, mademoiselle Odelin, qui ne devait pas devenir célèbre incontinent, trouva plus amères les privations, maintenant que celles-ci ne concouraient plus à l’obtention des diplômes, mais résultaient au contraire de leur faillite. Pour être avocate, elle n’en devint pas riche, car personne ne s’avisa de choisir comme conseil cette fraîche et gracieuse stagiaire. Inscrite à l’Assistance judiciaire, elle plaida pour les enfants coupables, et ce fut tout.

Sa sœur, qui tirait à ce moment quelques ressources de son humble pédagogie, lui loua et lui meubla ce petit appartement de la rue Saint-Jacques, avec cette tendre solidarité des grandes familles que la fortune n’a point gâtées. C’est là, dans cet enfantin cabinet de travail en bambou, que Marguerite connut