Page:Yver - Un coin du voile.djvu/66

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montait ses sept étages pour implorer l’appui de son talent.

Quand mademoiselle Odelin eut offert à l’inconnue le fauteuil léger aux pattes grêles d’insecte, celle-ci releva sa voilette, eut un sourire silencieux de timidité, puis, se rassurant à considérer le visage affectueux de la jeune fille, elle dit enfin :

— Oui, je suis en instance de divorce. Je vais vous conter mon histoire. Elle est étrange. Autrefois j’essayais d’imaginer ce qu’est une femme malheureuse. Oh ! Dieu ! comme je le sais maintenant ! Ah ! la pire, la pire des choses, je l’ai connue…

Elle posa sur ses yeux ses longs doigts dégantés et les y appuya un instant.

— Une femme comme moi…, balbutia-t-elle, toujours incohérente, j’ai été maltraitée…, brutalisée… Il a porté la main sur moi !

Et Marguerite, qui observait de sang-froid, bien qu’un intérêt passionné s’allumât en elle, vit la belle jeune femme tressaillir dans tout son corps d’un long frisson, comme si ses membres de patricienne eussent de nouveau