Page:Yver - Un coin du voile.djvu/68

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qu’une autre du mouvement scientifique actuel et, sans être savante, je pouvais causer de tout avec mon mari. Rien ne me donnait plus de contentement intime que de l’entendre affirmer devant d’autres hommes : « Ma femme ? elle est au courant de tout, » bien que ce ne fût pas vrai.

Elle s’apaisait en parlant. Mademoiselle Odelin la considérait ardemment. On ne pouvait rester indifférent devant cette femme. On ne pouvait la voir sans la plaindre, sans admirer cette beauté spéciale que la douleur lui conférait, sans concevoir pour elle une sorte d’attachement subit, si ces deux mots ne jurent pas ensemble.

Après une nouvelle pause, elle reprit :

— Vous qui êtes rompue à l’art de coordonner vos discours, quel vain bavardage doit vous paraître mon récit ! Mais je vous dois la vérité la plus complète. Donc je vous ai décrit la qualité de notre amour. Il nous était délicieux d’être ensemble. Nous nous serions suffi l’un à l’autre aisément. Cependant la compagnie de toute élite intellectuelle me plai-