Page:Yver - Un coin du voile.djvu/72

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au baron, l’ayant rencontré chez ma mère, je dégageai ma personnalité de la sotte querelle et je le revis là comme devant. Ceci dura tout le printemps. En juin, monsieur de Savy surprit ce que je lui cachais. Il en eut une épouvantable colère où il m’humilia par les paroles les plus vives. Il se voyait joué et c’était une chose terrible à ses yeux. Un amour comme le nôtre, d’une qualité aussi délicate, ne pouvait résister à ce vil orage. Plus monsieur de Savy m’abaissait sous ses reproches, plus je me reprenais avec une fierté outragée, plus grandissait mon indépendance.

» — Vous devriez, lui disais-je, faire crédit à ma conscience et respecter une liberté comme la mienne. Quoi qu’il en soit, je ne céderai pas.

» — Vous céderez, ajouta-t-il.

» Et une première fois, ses doigts serrèrent mes poignets. Il ne m’aimait plus. L’amour est tendre : il n’avait plus que de la haine. Je subis ces brutalités sans verser une larme.

» Je ne sais pourquoi, nous ne nous séparâmes pas immédiatement. Le mariage est si