Page:Yver - Un coin du voile.djvu/73

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mystérieux, les chaînes en sont si formidables que même ceux qu’elles tuent n’imaginent pas sur-le-champ de les rompre. Nous avons souffert ainsi tout l’été, tout l’automne. À intervalles, je revoyais toujours le baron chez ma mère. Nous parlions des récentes découvertes scientifiques, nous parlions de tout, excepté de l’enfer que j’endurais chez moi.

» — Vous ne me briserez jamais, dis-je un jour hardiment à monsieur de Savy.

» Il me frappa au visage.

— Y eut-il des témoins ? demanda mademoiselle Odelin.

— Non, mais le caractère de mon mari est tel qu’au procès il reconnaîtra son acte. Je le quittai et revins chez ma mère. Un mois après, je formulais ma demande de divorce, et me voilà. Acceptez-vous de me défendre ?

Mademoiselle Odelin ferma les yeux. La cause inespérée, prodigieuse, était là, devant elle, en la personne de cette jeune femme. En une seconde, elle envisagea tous les aspects de sa gloire subite : le procès se déroulant dans les splendeurs dorées de la première