Page:Yver - Un coin du voile.djvu/79

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Elle éprouvait le besoin d’en faire la confidence à la vieille femme de service qui lui faisait quelques travaux, le matin : « Madame Rosalie, il faudra me donner plus d’heures désormais. Je vais avoir de grandes occupations. » Et madame Rosalie partie, quand elle se retrouvait seule dans ses quatre pièces, sans personne qui la pût congratuler selon son désir, elle attrapait sa chatte grise, une fine minette frileuse aux pattes de velours, elle la serrait sur sa poitrine avec une frénésie de petite fille en chuchotant à l’oreille poilue : « Minette, tu sais, le succès, je le tiens. Nous allons être riches. Minette, je suis arrivée. »

Aller au Palais, maintenant, était un plaisir pour elle. Alors qu’elle redoutait jadis la moindre question sur ses travaux, étant toujours forcée de répondre : « Je plaide pour un mineur », elle souhaitait maintenant qu’on l’interrogeât. C’est que maintenant elle pouvait déclarer d’un petit air important : « Je plaide dans l’affaire de Savy contre de Savy ». Le bâtonnier la félicita chaudement, et les grandes voûtes grecques du Palais, qui lui