Page:Yver - Un coin du voile.djvu/80

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avaient toujours semblé hostiles, arrondissaient aujourd’hui au-dessus de son passage leur cintre dorique, familièrement. Elle était bien de la maison ; elle allait y marquer sa place. Monsieur Odelin déclara qu’il viendrait l’entendre plaider, et plusieurs amis de province écrivirent qu’ils feraient également le voyage pour la circonstance.

En même temps, elle voyait plus intimement sa cliente qui se rendait presque chaque jour rue Saint-Jacques. La vie de l’avocate était une leçon d’énergie à la malheureuse jeune femme. Elle apprenait près de mademoiselle Odelin l’art de supporter les épreuves sans s’y amoindrir, tout au contraire. Elle lui disait affectueusement :

— De tout mon cœur, je fais pour vous ce vœu : qu’elle ne soit jamais aimée plutôt que de connaître les déceptions que j’ai subies !

Marguerite reprenait :

— La solitude du cœur est quelquefois affreuse.

— À qui le dites-vous ? soupirait madame de Savy.