Page:Yver - Un coin du voile.djvu/82

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qu’avaient certaines femmes de la consulter, même de lui confier leurs intérêts. Seulement on trouvait la démarche prématurée. Il fallait d’abord la voir à l’œuvre. On l’attendait à la barre.

Alors elle fit ses projets. Elle quitterait la rue Saint-Jacques. Deux ou trois causes encore, et elle s’établissait dans un quartier mondain. Elle se créerait une spécialité de grandes dames. Quand elle regagnait à pied le logis présent, elle s’arrêtait dans la rue aux vitrines somptueuses et choisissait des yeux tel ou tel meuble qui ornerait le logis futur. La nuit, elle recevait en rêve ses clientes dans un cabinet de travail Louis XVI qui était une merveille de goût…

Un soir de mars, comme elle travaillait sous sa lampe à revoir son Dalloz, pour la jurisprudence des divorces et certains arrêts de la cour, on sonna. Le temps de gratter une allumette, d’ouvrir le gaz du corridor qu’elle éteignait d’ordinaire par économie, un second coup de timbre retentit. Était-ce un client ? Son cœur sursauta. Elle ouvrit.