Page:Yver - Un coin du voile.djvu/83

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Un homme, dont la figure lui révéla tout de suite le haut rang social, était devant elle, demandant mademoiselle Odelin.

— C’est moi, monsieur.

Et elle l’introduisit au cabinet de bambou où la chatte câline, entre la lampe et le feu, sur une carpette mince, s’étirait. Un pressentiment heureux transporta tout à coup Marguerite. C’était à coup sûr le prélude d’une nouvelle affaire. Elle voulait affecter un air grave de vieille procédurière, mais sa joie était si vive qu’elle souriait en offrant au visiteur le fauteuil aux pieds de fuseau. Puis elle prit place dignement à son étroit bureau, les coudes sur le drap vert, attendant.

Une seconde encore, l’inconnu garda le silence, comme s’il s’étonnait de trouver la jeune fille. C’était un homme de trente-cinq ans, au front haut, aux yeux inquiets et maladifs, pleins d’une pensée ardente. Sa tristesse avait ce quelque chose de craintif que donnent ou la nervosité ou les grandes douleurs. Bien que ce fut là, certes, un homme du monde, il manifestait de la timidité.