Page:Yver - Un coin du voile.djvu/84

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— Mademoiselle, dit-il enfin d’une voix sourde, je suis monsieur de Savy.

Sans répondre, mademoiselle Odelin eut un mouvement de recul, ses bras tombèrent le long de sa jupe. Lui continua :

— Il est possible que ma visite soit très incorrecte. Peut-être naguère l’aurais-je blâmée chez un autre. Vous êtes, mademoiselle, l’avocate de madame de Savy, de celle que je persiste à appeler, qui est toujours ma femme. Je suis celui que, dans votre jargon judiciaire, vous nommez, avec un sentiment impitoyable, la partie adverse. Je n’aurais peut-être pas dû venir. Peut-être un homme de loi m’eût-il fermé sa porte, au nom d’un certain honneur spécial de la défense. J’ai à vous parler, mademoiselle ; il me faut avoir un entretien avec celle qui conseille ma femme. Cependant, je ne veux pas spéculer sur votre surprise ni sur votre indulgence. Désirez-vous que je me retire avant d’avoir dit un mot ?

Mademoiselle Odelin était extrêmement troublée et indécise. L’image de sa cliente, devenue son amie très chère, se leva devant elle. C’était