Page:Yver - Un coin du voile.djvu/85

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cet homme qui l’avait insultée, injuriée, qui lui avait infligé l’offense matérielle du coup, si grossière, si honteuse ! Toute la rancune de la jeune fille se raviva. Elle répondit froidement :

— Veuillez m’apprendre tout de suite, monsieur, le but de votre visite. Je saurai alors si ma conscience d’avocat me permet de la recevoir.

— Mademoiselle ! s’écria monsieur de Savy, il n’y a pas de conscience d’avocat, il y a votre conscience de femme : c’est à elle que je viens adresser une prière. N’aidez pas à la consommation de notre divorce ! Vous tenez actuellement dans vos doigts les liens de notre mariage qui sont aujourd’hui si faibles, si lâches : ne les brisez pas ! Je ne puis pas admettre que des juges nous séparent irrévocablement l’un de l’autre.

Il paraissait accablé. Il se reprit avec effort et dit :

— J’aime toujours ma femme.

— Si vous aviez de tels sentiments, monsieur, dit sévèrement Marguerite, comment avez-vous traité avec tant de cruauté madame