Page:Yver - Un coin du voile.djvu/86

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de Savy et comment pouvez-vous aussi espérer maintenant qu’elle oublie des choses auxquelles vous semblez ne plus penser ?

Il se tut. Marguerite, au bout dune minute, insista :

— La vie commune, monsieur, elle n’est plus possible entre ma cliente et vous. Le bonheur, que vous semblez escompter encore, est-il compatible avec le souvenir de certaines scènes… de certains actes ?

Elle devenait audacieuse, un peu justicière, se satisfaisant à accabler le tyran qui si longtemps avait abusé de sa force. Lui, ne répondait toujours pas. Soudain, mademoiselle Odelin s’arrêta net en le considérant : il restait silencieux mais deux larmes furtives avaient roulé sur ses joues, et ses yeux levés sur l’avocate exprimaient tant d’angoisse et de peine que la jeune fille s’adoucit. Il finit par dire :

— Je n’ai rien à objecter. Je souffre trop de ce que vous me rappelez là pour l’oublier un seul moment. Oh ! je n’ai avili que moi, dites-le lui, qu’elle le sache bien ! Mes brutalités n’ont pu atteindre la noblesse de son être, tan-