Page:Yver - Un coin du voile.djvu/89

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» Alors, pour reconquérir l’intimité de nos esprits, j’ai lutté avec l’animalité d’une passion de rustre ; car l’amour est complexe, il a diverses racines en nous. On a beau ne l’offenser que dans ses manifestations les plus élevées, il tressaille tout entier et ses puissances les plus brutales éclatent… Je regrette… Oh ! je regrette… Dites-le-lui… Suppliez-la… L’indépendance d’une telle femme, je la reconnais. Oui, je respecterai maintenant les droits de sa chère intelligence. Mais qu’elle revienne dans ma vie ! Son pardon, son retour, je ne demande que cela. Dites-lui que je suis bien misérable… Ne reviendrait-elle que par compassion, qu’elle revienne !

Marguerite, un peu oppressée, détourna la tête. Elle n’avait jamais entrevu l’amour qu’à travers la procédure, à la troisième chambre, celle des divorces. Celui qui était devant elle, palpitant, simplifié, vivant, tourmenté, douloureux, l’éblouissait, la troublait comme une force inconnue. Insensiblement, sa pensée retournait à l’épouse solitaire ; et, malgré elle, en esprit, elle mariait ces deux âmes si dis-