Page:Yver - Un coin du voile.djvu/90

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tantes et si pareilles, ces deux beaux êtres un peu grisés de leur propre noblesse, mais forcés, semblait-il, de s’appartenir par toutes les similitudes de leur psychologie.

La voyant hésitante, agitée, le mari anxieux demanda :

— Vous repoussez l’idée d’un tel message, vous avez trop appris à me mépriser et j’ai eu tort de venir.

— Ce n’est pas là ce que je pense, dit-elle rêveuse.

— Ou bien vous m’ôtez tout espoir ?

— Oh ! non, reprit l’avocate qui se ressaisissait et à qui revenait son joli sourire de bon sens, de mesure et de pondération, votre situation s’éclaire pour moi du fait de votre confidence. Vous avez manqué tous les deux de cette philosophie pleine de bonne humeur qui est l’apanage des cœurs simples. Vous êtes allé chercher, comme on dit, midi à quatorze heures. Non, vous n’avez pas eu tort de venir, monsieur. D’abord, je vous estime plus qu’auparavant. Puis l’affection que je vous vois porter à madame de Savy peut encore la tou-