cher. Je vous promets d’aller la trouver. Oui, j’irai demain. Il ne faut pas…
Elle allait ajouter : que ce divorce ait lieu. Elle s’arrêta net. Un aspect très spécial de la question lui apparaissait. Elle n’avait point vu jusque-là, prise à l’intérêt même de cette belle histoire de passion, que ce divorce était la gloire de sa carrière, que tout l’enchantement des semaines passées dépendait de la rupture même de ces époux, que sa réputation s’élèverait sur les ruines de leur mariage. Elle devint toute blanche, son visage s’altéra. Elle ne remarqua pas l’ardent bonheur de monsieur de Savy, ni l’émotion qui semblait le paralyser devant elle. Un mouvement d’humeur, obscurément né dans son âme, commençait de l’irriter contre le visiteur. La version de celui-ci était belle et bonne ; il n’en avait pas moins été odieux dans sa conduite envers sa femme. Elle se rappela les deux ou les trois scènes de violence, si minutieusement décrites par sa cliente qu’elle les croyait voir, et elle dit, redevenue raide et amère :
— N’espérez pas trop cependant ! Madame de Savy est excessivement montée contre vous,