Page:Yver - Un coin du voile.djvu/97

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lement élevé et qui furent unis, ne doivent point continuer leur route étrangers l’un à l’autre, que le bonheur les attend au foyer, que ce bonheur serait mon ouvrage et que j’en jouirais… Ah ! Minette, tu ne sais pas comme c’est insipide, quand on en est affamé pour soi-même, le bonheur des autres !

Mademoiselle Odelin se tut un long moment, puis un sanglot lui gonfla la gorge, et, prenant la jolie bête à deux mains, elle l’embrassa fiévreusement, dans un élan où il y avait toute sa secrète faiblesse.

Trois jours plus tard, vers onze heures, mademoiselle Odelin s’habillait pour le Palais et madame Rosalie frottait le bambou des meubles dans le cabinet. Quelqu’un sonna et l’avocate, entendant une voix d’homme entrecoupée des salamalecs de la femme de ménage, pensa :

« Encore lui ? Vrai, il abuse ! »

Et comme elle avait repris sa tranquille gaieté d’autrefois — la gaieté propre aux vies simples