Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/136

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funèbre pesait sur cette atmosphère glacée qu’il respirait avec effort.

Peu à peu, ses yeux s’étant accoutumés aux ténèbres, il distingua au loin une faible lueur vacillante qui semblait lui dire : « Viens. » Vers cette lueur, il se mit en marche. Bientôt, à mesure qu’il s’approchait de cette clarté et qu’il distinguait mieux ce qui l’entourait, il remarqua qu’il longeait un couloir étroit, aux murailles nues, lézardées, où brillaient par places les cristaux du salpêtre. Il arriva enfin à une sorte de rotonde, et il vit que la clarté qui l’avait guidé était produite par une lampe posée sur une chaise. Près de la chaise commençait un escalier qui s’enfonçait en forme de vis dans les entrailles du sol. Capestang comprit que c’était là qu’il fallait descendre.

"Je vais, pensa-t-il, assister à une répétition de la scène que j’ai déjà vue à l’auberge de la Pie-Voleuse. On conspire. Le duc d’Angoulême veut être roi. Le duc de Guise veut être roi. Le prince de Condé veut être roi. Que de rois pour un seul royaume ! Et le fils de mon illustre compatriote Henri IV, que deviendrait-il ? Oui, que ferait-on de Sa Majesté Louis, le treizième du nom ? Il serait donc déposé ? Pauvre petit prince ! Je l’aime, moi, parce qu’il me ressemble, parce qu’il est faible, isolé, entouré d’ennemis comme moi ! Et puis il a dit là-bas, sur la route de Meudon, une chose qui m’a été au cœur : « M. le chevalier de Capestang est de mes amis ! » Corbacque !"

Le monologue auquel il se livrait eût pu durer longtemps encore, si le chevalier ne se fût aperçu tout à coup qu’il se trouvait dans une cave assez spacieuse où il entendait comme un murmure de paroles. Il jeta un regard autour de lui et vit que la cave était en forme de rectangle ; sur le côté de ce rectangle faisant face à celui par où il venait de descendre, s’ouvrait un deuxième escalier. Sur le côté droit s’ouvrait une porte ; sur le côté gauche, trois portes, dont celle du milieu, seule, était fermée.

C’est de là que partait le murmure de voix entendu par Capestang. C’est vers cette porte qu’il se dirigea, dans l’intention de heurter. Dans le même instant, la voix s’élevait et disait :

"Nul ne connaît le secret de la porte ; ainsi, messieurs, nous pouvons parler sans crainte ; cependant, puisque M. le prince le demande, Cinq-Mars, mon enfant, placez-vous dans la cave, à tout hasard.

— Bien, monseigneur", répondit la voix de Cinq-Mars parfaitement reconnue par Capestang.

Mais l’autre voix aussi, il lui sembla la reconnaître ! Et il avait pâli. Et, sans se rendre compte de ce qu’il faisait, poussé par une sorte d’instinct, il se jeta d’un bond derrière l’une des deux portes entrouvertes. Il était temps : Cinq-