Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/390

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L’un d’eux, qui, malgré ses bottes couvertes de boue, avait fort grand air, eut un geste d’impatience et se couvrit à demi le visage avec le bord de son feutre. Capestang était mouillé ; lui aussi, il s’approcha du feu en saluant les deux inconnus. Ils ne bronchèrent pas. L’aventurier haussa les épaules, alla chercher un escabeau, l’apporta près de la cheminée, s’assit et frappa sur la table du pommeau de sa rapière.

"Parfendieu, monsieur ! fit d’un ton hautain l’homme au feutre rabattu, vous voyez bien que vous me gênez. Il y a une table là-bas."

Capestang regarda autour de lui comme pour s’assurer que ce discours s’adressait bien à lui.

"C’est à vous que je parle ! reprit le gentilhomme d’un ton plus impérieux encore.

— Vraiment ? Eh bien, moi, je ne vous parle pas !" dit Capestang d’une voix où frissonnait la colère.

Et l’aventurier allongea ses bottes vers la flamme, avec une volonté d’insolence.

"Mort du diable ! Vous n’êtes pas poli. Je vous apprendrai à parler, et puis encore à vous taire ! gronda furieusement l’inconnu.

— Vous vous vantez, monsieur, on ne dit ces choses-là que l’épée au poing !"

En même temps, Capestang se leva, le sang aux oreilles, la main à la garde de la rapière. L’inconnu, emporté par la colère, en fit autant. Les flamberges allaient voir le jour. Le compagnon de l’orgueilleux gentilhomme se jeta sur lui et murmura rapidement à son oreille :

"Que faites-vous, monseigneur ! Songez que vous êtes attendu à Paris ! Vous ne vous appartenez pas !

— C’est trop vrai, par le Christ !" fit le monseigneur en se frappant le front.

Dans ce mouvement, il se découvrit le visage – et Capestang murmura :

"Le duc de Guise !"


Guise, suivi de son compagnon, se dirigea vers la porte : les deux chevaux étaient attachés par la bride au tourniquet d’un contrevent, sur la route. Au moment où le duc allait atteindre cette porte, il vit se dresser devant lui le chevalier de Capestang, tout hérissé, le feutre en bataille, le poing