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Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/391

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sur la hanche, dans une attitude de vrai diable à quatre, morbleu ! Cela prêtait à rire, et ce pouvait être terrible. Capestang vociférait :

"Alors, monsieur le monseigneur, vous croyez qu’on peut dire aux gens qu’on leur enseignera la politesse, et puis bonsoir ! en selle, et au galop ! Allons donc ; dégainez, s’il vous plaît !"

Guise contempla un instant le chevalier d’un air d’inexprimable dédain.

"Ah ! ah ! dit-il froidement. Je vous reconnais à présent, mon brave. Viens, Montmorin, ce n’est que le Capitan !

— Corbacque ! grinça le chevalier. Si vous reconnaissez le Capitan, c’est que vous l’avez vu à l’œuvre !

— Oui, dit Guise glacial, je l’ai vu espionnant au fond des caves de l’hôtel d’Angoulême, où il ne dut son salut qu’aux prières d’une femme."

Capestang devint pâle comme la mort et chancela sous cette affreuse insulte.

"Le Capitan ! continua le duc. Une bravache. Cela rime avec cravache. Vous en tâterez, mon brave, si vous vous jetez encore dans mes jambes. Viens, Montmorin !

— Par le tonnerre du ciel ! hurla l’aventurier. Satan lui-même, s’il m’insultait ainsi, je lui arracherais les cornes !"

En même temps, d’un geste foudroyant, il tira sa rapière et tomba en garde. Mais, dans cet instant même, Montmorin, se ruant sur la porte, l’ouvrit toute grande, et cria :

"Partez, monseigneur, tandis que je donne à ce drôle une leçon de respect !"

Le duc de Guise se jeta au-dehors, sauta sur son cheval et s’éloigna bon train. Capestang avait voulu s’élancer à sa poursuite, mais il trouva devant sa poitrine la pointe de Montmorin, et n’eut que le temps d’arriver tout juste à la parade d’un coup droit qui l’eût tout net expédié ad patres, s’il avait porté. L’aventurier écumait ; il eût donné dix ans de sa vie pour pouvoir courir après Guise, mais presque aussitôt, devant le fer, il se calma. Montmorin ne connaissait pas Capestang et se disait qu’il aurait tôt fait de l’expédier ; c’était un de ces raffinés qui faisaient rage à la place Royale, un redoutable escrimeur. Il était l’inventeur d’une botte secrète qui jusqu’ici lui avait donné la victoire dans ses nombreux duels. On appelait cette passe : le coup du nombril, parce que c’est à cet endroit que Montmorin touchait toujours ses adversaires. Tout en essayant la force de Capestang par différentes passes, il ricanait :

"Vous ne me connaissez pas, jeune homme ?

— Non, monsieur, répondait l’aventurier qui, reconnaissant la supériorité de son adversaire, jouait un jeu merveilleux de finesse et s’ingéniait à commettre des fautes qui eussent paru des chefs-d’œuvre à qui connaissait sa science approfondie. Non,