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Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/463

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Le sang monta au front de l’aventurier, dont les poings se crispèrent.

"Monseigneur, dit-il d’une voix rauque, à cette rencontre, vous m’avez insulté, moi, Adhémar de Trémazenc de Capestang ! Vous souvenez-vous que vous m’avez insulté ?

— Je vous ai insulté ? sourit le duc avec un étonnement qui fit frissonner le chevalier. Bah ! Eh bien ! non, je ne m’en souviens pas.

— Monseigneur, je me souviens, moi ! gronda l’aventurier tout pâle.

— Soit ! Que voulez-vous ?

— Ce que je veux ? La question est plaisante ! Monseigneur, si j’ai tué deux hommes pour qu’on ne vous tue pas, vous, si je vous ai amené ici pour causer seul à seul avec vous, c’est qu’il m’est impossible de vivre avec le souvenir d’une insulte non effacée. Effacez l’insulte, monseigneur, et, par mon nom, je vous jure que vous êtes libre !"

Guise eut un ricanement :

"Effacer ? Je ne demande pas mieux. Mais comment ?

— Simplement en me demandant pardon. Simplement en me disant ceci : « Moi, duc de Guise, je vous prie de vouloir bien excuser la parole insolente que je rétracte ! »

— Vraiment ! ricana Guise en s’assurant d’un regard qu’ils étaient réellement seul à seul. C’est là tout ce que vous demandez ?

— Oui, monseigneur, cela, tout simplement. Des excuses, et vous êtes libre !"

Guise partit d’un terrible éclat de rire, tandis que ses yeux se striaient de rouge.

"Allons, dit-il en haussant les épaules, je ne m’étais pas trompé. C’est bien le Capitan qui est devant moi !

— En ce cas, prenez garde au Capitan ! rugit l’aventurier, dont la main se porta à la garde de son épée.

— Assez, mon maître ! haleta Guise d’une voix d’orgueil outragée. Allons, ouvrez-moi cette porte !"

Capestang dégaina. Sa rapière eut un flamboiement rapide.

"Duc de Guise, balbutia-t-il de cet accent que la colère fait grelotter, mon épée s’est croisée ici même contre celle de M. de Condé qui vous vaut, de M. le duc de Rohan qui vaut mieux que vous. Dégainez donc et défendez-vous, car je vais vous charger !"

Guise haussa les épaules et se croisa les bras. Capestang poussa une furieuse imprécation.

"Monseigneur, rugit-il, défendez-vous ! Je vous jure sur le Christ que, dans une minute, il sera trop tard ! Je vous jure que vous pleurerez des larmes de sang ! Duc de Guise, faites-vous des excuses ? Dégainez-vous ?"

Guise eut un instant d’hésitation. Mais cet orgueil du dompteur qui croit terrasser le lion en redoublant l’insolence