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Page:Zévaco - Les Pardaillan - L'épopée d'amour, 1926.djvu/41

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beau que j’éprouve un impérieux désir de connaître un tel homme. Serait-ce indiscret si je vous demandais son nom ?

— Nullement. Je vous ai, à vous et à votre fils, de telles obligations, que je ne veux rien vous cacher de mes chagrins et de mes joies ? Vous le verrez, monsieur, car j’espère bien que vous assisterez au mariage de Loïse…

— Et il s’appelle ? demanda Pardaillan.

— Le comte de Margency", répondit le maréchal en fixant son regard sur le vieux routier.

Celui-ci chancela. Il avait reçu le coup en plein cœur.

Il balbutia quelques mots et, tout étourdi, atterré, prit congé du maréchal et rejoignit son fils.

"Je viens de parler à M.le maréchal, dit-il.

— Ah !… Et vous lui avez dit ?

— Je lui ai demandé à qui il comptait donner Loïse en mariage. Tiens-toi bien, chevalier. Le fer chaud dans une plaie vaut mieux que l’onguent. Tu n’auras jamais la petite. Elle est destinée à un certain comte de Margency.

— Ah ! Et connaissez-vous cet homme ?

— Je connais Margency, dit le vieux Pardaillan. C’est un beau comté. Enclavé dans les domaines de Montmorency, il avait été pour ainsi dire dépecé, et il n’en restait plus qu’un pauvre reste qui a appartenu à la famille de Piennes jusqu’au moment où le connétable s’en est emparé. Sans aucun doute, le comté a été reconstitué, quelque hobereau l’aura acheté pour avoir le titre de comte.

— Peu importe, monsieur, dit paisiblement le chevalier.

— J’admire ton calme, éclata le routier. Comment ! c’est ainsi qu’on te traite, toi !… Et tu ne bondis pas ?…

— Mais, mon père, comment voulez-vous que je sois traité ? Le maréchal pour quelques pauvres services que je lui ai rendus, m’offre une somptueuse hospitalité.

— Chevalier, nous allons partir d’ici.

— Non, mon père.