Page:Zévaco - Les Pardaillan - L'épopée d'amour, 1926.djvu/45

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Ce Maurevert. Cela fait sic. Je les provoque tous les six à la fois. C’est le diable si à eux tous ils ne parviennent pas à me tuer. Allons, j’aurai de jolies funérailles ! "

A ce moment, une tête tiède se posa sur ses genoux.

Il baissa les yeux et vit que Pipeau s’était approché de lui, avait commodément installé sa tête et le regardait de ses grands yeux bruns, tendres, profonds, d’une belle humanité.

"Te voilà, toi ? " sourit-il joyeusement.

Pipeau jappa avec non moins de joie, répondant :

"Parfaitement ! C’est moi ! Moi ! ton ami ! Tu avais l’air de m’oublier, de ne pas plus penser à moi que si je n’étais pas ton ami le plus fidèle… fidèle jusqu’à la mort ! "

Voilà ce que dit Pipeau.

Le chevalier posa sa main sur la tête du chien et dit :

"Nous allons donc nous quitter, Pipeau ? Ce m’est un grand chagrin. Je te dois beaucoup, sais-tu ? Grâce à toi, je suis sorti de la Bastille, et puis, un jour que j’avais faim, tu as partagé avec moi, tu te rappelles ? Et puis, toujours gai, tu me fus un si bon compagnon. Que deviendras-tu sans moi ?…"

Le chien avait écouté gravement.

Et sans doute, bien que le discours de son maître fût terminé, il continua à écouter ce que le chevalier devait se dire à lui-même, car ses yeux ne quittèrent pas les yeux du jeune homme, et le chien finit par pousser une plainte sourde.

"Pipeau ! " fit à ce moment le vieux Pardaillan qui entrebâilla la porte.

Le chien interrogea le chevalier, qui dit :

" Va

— Je vais à la Devinière, puisque tu as des scrupules en ce qui regarde maître Landry, reprit le routier.

— Je vous accompagne, mon père.

— Non pas, mort diable ! Le chien me suffira en cas d’attaque. Il pourra aussi me servir de courrier. Mais toi, ne bouge pas d’ici.

Le chevalier dit un geste d’acquiescement, et Pardaillan père s’éloigna, suivi du chien, heureux d’entreprendre seul la besogne d’exploration qu’il avait méditée. Car, sous prétexte d’aller à la Devinière payer les dettes de son fils, le routier voulait surtout s’assurer que l’hôtel n’était pas surveillé, qu’ils n’avaient pas été suivis, enfin, que le chevalier était en sûreté parfaite.

"Une fois à Montmorency, songeait-il, je le déciderai à me suivre, et du diable si je n’arrive pas à lui faire oublier