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Page:Zaccone - Éric le mendiant - Un clan breton, 1853 .djvu/88

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ÉRIC LE MENDIANT.
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leur unique fortune, l’incendie menaçait de leur enlever leurs dernières ressources et de les réduire à la misère.

Toutefois, la grange que la flamme dévorait était assez éloignée de la ferme, et il y avait lieu d’espérer que l’incendie s’arrêterait bientôt faute d’aliment. Octave en fit l’observation à Marguerite, mais cet espoir ne devait pas être de longue durée, car au moment où le feu diminuait d’intensité du côté de la grange, la ferme s’éclaira à son tour des rouges et sanglantes lueurs de l’incendie.

Tous les assistants poussèrent à cette vue un cri de rage et de désespoir. Leurs efforts devenaient désormais inutiles : la malveillance avait allumé le feu, et elle l’entretenait avec une activité impie et cruelle.

Marguerite s’assit éplorée sur le seuil de la cour, et Octave, silencieux et morne, prit place à ses côtés.

Ils n’osaient se communiquer leurs pensées ; leur âme tout entière s’abandonnait sans partage à la douleur du moment.

Tout à coup Octave et Marguerite se retournèrent et frémirent.


Derrière eux venait se dessiner la silhouette du vieux Tanneguy.

Derrière eux venait de se dessiner la nerveuse silhouette du vieux Tanneguy, auquel la porte de la cour servait de cadre.

Il était pâle ; ses longs cheveux grisonnants tombaient, humides et roides, le long de ses tempes ; il s’appuyait sur son peu-bas et regardait.

Son œil était sec et brillait d’un feu sombre ; sa poitrine se soulevait péniblement ; il n’avait pas même aperçu sa fille.

Marguerite se pressait contre Octave muette d’épouvante et comme terrifiée ; elle n’osait faire un pas ni proférer une parole ; elle avait peur de ce sombre désespoir qui se peignait sur les traits décomposés du vieillard.